Castelnaud-La-Chapelle : un bastion stratégique au cœur de la guerre de Cent Ans

12 avril 2025

Une position stratégique entre France et Angleterre

Si Castelnaud-La-Chapelle a brillé pendant la guerre de Cent Ans, cela tient avant tout à sa position géographique exceptionnelle. Situé au cœur du Périgord Noir, dans une vallée fertile et stratégique, le village et son château se trouvaient à la croisée des chemins entre les territoires français et ceux sous domination anglaise, notamment l’Aquitaine après le traité de Brétigny en 1360.

Construit sur une hauteur escarpée, le château de Castelnaud surplombe la Dordogne, un axe de communication et de commerce crucial à l’époque médiévale. Cette configuration permettait de surveiller les déplacements des troupes adverses dans toute la vallée, tout en protégeant les voies fluviales et terrestres.

Cet emplacement stratégique explique pourquoi Castelnaud fut si convoité par les deux camps. La gestion de ce bastion offrait non seulement un avantage logistique, mais également un contrôle symbolique sur la région.

Un château porté par des alliances anglaises

Pour bien comprendre l’histoire de Castelnaud pendant la guerre de Cent Ans, il faut revenir à son propriétaire emblématique : Bernard de Casnac. Partisan du roi d’Angleterre, il transforma le château en une forteresse militaire anglaise. Ce choix d’alliance eut des répercussions importantes dans les décennies suivantes, puisque l'édifice changea plusieurs fois de mains au gré des conflits.

Au milieu du XIVe siècle, Castelnaud devient un lieu de refuge pour ceux qui soutenaient la couronne anglaise. Les garnisons anglaises y entreposaient des vivres, des armes et usaient de la forteresse comme poste avancé pour harceler les troupes françaises stationnées dans les environs, notamment autour de Beynac, un autre château emblématique situé de l’autre côté de la Dordogne.

L'opposition féroce avec le château de Beynac

La rivalité entre Castelnaud et son voisin Beynac est l’un des épisodes les plus saisissants du Moyen Âge dans la région. Tandis que Castelnaud soutenait les Anglais, Beynac restait fidèle au roi de France. Les deux châteaux s'observaient de loin, leurs garnisons prêtes à se livrer bataille à tout moment. L’histoire raconte même que le moindre mouvement militaire dans l’un des deux camps provoquait immédiatement une riposte de l’autre côté.

Cette opposition entre les deux forteresses résume parfaitement la fragmentation et les déchirements qu’a connus le Périgord pendant la guerre de Cent Ans. Même dans une région aussi reculée que la vallée de Dordogne, le conflit formait une toile complexe d’alliances et d’hostilités.

Un bastion remanié pour la guerre

Face à l’intensité des batailles, le château fut adapté pour résister à un siège prolongé. Dès le début du XVe siècle, des travaux de modernisation furent entrepris pour améliorer sa défense. Par exemple :

  • Construction de remparts renforcés et de meurtrières pour faciliter l’usage des arcs et arbalètes.
  • Ajout de mâchicoulis permettant de déverser des projectiles sur les assiégeants.
  • Intégration d’une barbacane à l’entrée pour ralentir les forces ennemies tentant de forcer les portes du château.

Ces aménagements, typiques des fortifications médiévales, ont permis à Castelnaud de résister à plusieurs tentatives de prise. Cependant, malgré ses défenses solides, le château est resté un objectif régulièrement disputé par les Français désireux de reprendre le contrôle du Périgord.

La reprise du château par les Français

La fin de la guerre de Cent Ans marqua un tournant pour Castelnaud. Après des années de domination anglaise dans la région, les armées françaises sous le commandement de Charles VII articulèrent leur reconquête autour de forteresses clés, notamment celles contrôlant la vallée de la Dordogne. C’est ainsi qu’en 1442, le château de Castelnaud fut repris par les troupes françaises.

Cette victoire scella le retour de la vallée sous la souveraineté du roi de France. À partir de cette période, Castelnaud perdit progressivement de son aura militaire. Le château tomba peu à peu en désuétude, jusqu’à connaître une lente dégradation aux siècles suivants. Il faudra attendre le XXe siècle pour qu’il soit restauré et retrouve sa splendeur d’antan.

Le château aujourd'hui : un témoin vivant de l’Histoire

Si vous visitez Castelnaud aujourd’hui, vous découvrirez un site exceptionnel, restauré avec soin pour mettre en lumière son passé unique. Dédié à l'art de la guerre au Moyen Âge, le château abrite un musée présentant une collection impressionnante d’armes et d’armures.

Les visiteurs peuvent s’émerveiller devant des reconstitutions de machines de guerre médiévales, telles que trébuchets et catapultes, qui rappellent les sièges et combats survenus dans la région. La vue panoramique depuis le donjon, offrant un aperçu des environs, vaut également le détour : elle permet d’imaginer la signification stratégique que Castelnaud pouvait avoir à son apogée.

Chaque été, des animations et des visites guidées plongent les visiteurs dans l’atmosphère du XIVe siècle. Une manière idéale de (re)découvrir un site vibrant d’histoire tout en profitant de la splendeur des paysages du Périgord Noir.

Et si vous veniez revivre l’Histoire ?

Avec son mélange fascinant d’Histoire et de patrimoine, Castelnaud-La-Chapelle est bien plus qu’un simple village touristique. C’est un lieu chargé de récits et de souvenirs, qui nous connectent aux grands bouleversements du Moyen Âge. Qui sait, peut-être que votre prochaine visite vous fera ressentir l’écho des batailles passées, entre les murs de cette forteresse exceptionnelle.

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