Le passé captivant de Castelnaud-La-Chapelle : des origines à nos jours

6 avril 2025

Le château de Castelnaud : naissance d’une forteresse stratégique

Perché fièrement sur son éperon rocheux, dominant la vallée de la Dordogne, le château de Castelnaud a traversé près de 10 siècles d’histoire. Sa construction remonterait au XIIe siècle, dans un contexte agité où le contrôle des routes commerciales était essentiel. Situé à un emplacement stratégique, entre la Dordogne et le Céou, le site offre une vue imprenable sur les environs, idéal pour surveiller la région et protéger les populations alentour lors des troubles.

Dès le départ, Castelnaud a été conçu comme une place militaire. D’ailleurs, ce n’est pas un hasard si sa devise est "Je me garde fort point ne crains". Pendant plusieurs siècles, ses murailles et son impressionnant donjon ont abrité garnisons et seigneurs, témoignant du rôle clé de cette forteresse dans les conflits régionaux.

Un acteur majeur de la guerre de Cent Ans

La guerre de Cent Ans (1337-1453) fut une période cruciale pour Castelnaud. La Dordogne marque alors une frontière entre les possessions françaises et anglaises. Le giron de Castelnaud-La-Chapelle oscille entre ces deux camps, avec notamment l’arrivée de Simon de Montfort, allié des Anglais, au XIIIe siècle.

En 1442, alors que Charles VII regagne peu à peu du terrain face aux Anglais, les troupes françaises prennent Castelnaud, un tournant dans l’histoire du site. Un fait marquant de cette période est le remaniement militaire du château. Ses équipements, notamment ses nombreux canons et trébuchets, font encore aujourd’hui la renommée de sa muséographie exceptionnelle dédiée à l’art de la guerre médiévale.

Le village médiéval et ses habitants

Que savons-nous du village de Castelnaud-La-Chapelle au Moyen Âge ? À cette époque, le bourg s’organisait autour du château et de l’église. La population vivait principalement de l’agriculture et des activités artisanales. Les façades en pierre calcaire blondes, les toitures en lauzes typiques, et les ruelles pavées racontent encore cette époque florissante, bien que mouvementée.

La disposition du village suivait des impératifs défensifs. Des fortifications encerclaient probablement les habitations les plus proches du château. Quant à la vie quotidienne des habitants, elle était rythmée par les cloches de l’église et les travaux des champs. On sait aussi que des marchés avaient lieu régulièrement et que l’échange commercial avec les villages voisins jouait un rôle économique important.

Du XIXe siècle à l’Histoire moderne : transformations et déclin

Après la Révolution française, Castelnaud, à l’image de nombreuses anciennes places fortes du pays, perd son importance militaire. À partir du XIXe siècle, le château de Castelnaud tombe lentement en ruines, abandonné au profit de structures plus modernes. Ce n’est qu’au XXe siècle, grâce à un ambitieux projet de restauration initié par ses propriétaires privés, que l’édifice retrouve son éclat d’antan.

Le village, quant à lui, connaît de profondes mutations. L’exode rural affecte lourdement la région, et de nombreux habitants quittent Castelnaud pour chercher du travail dans les grandes villes ou à l’étranger. Ce n’est qu’avec la montée progressive du tourisme dans les années 1970 que le village reprend vie et devient aujourd'hui une des perles du Périgord Noir.

Les grandes familles seigneuriales de Castelnaud

La puissance de Castelnaud-La-Chapelle s’explique en partie par la succession de grandes familles seigneuriales qui y ont laissé leur empreinte. Parmi elles, la famille Caumont joue un rôle central. Propriétaires du château au début du XIVe siècle, ces seigneurs permettent le développement d’une forteresse encore plus impressionnante pour répondre à leurs ambitions stratégiques et politiques. Par ailleurs, les alliances matrimoniales avec d’autres nobles influents de la région renforcent leur pouvoir.

Les Caumont marquent donc durablement le destin de Castelnaud. Ils illustrent bien la complexité du jeu féodal dans lequel politique et guerre allaient de pair, particulièrement pendant la guerre de Cent Ans.

Mais pourquoi "Castelnaud-La-Chapelle" ?

L’origine du nom du village est un sujet qui intrigue souvent les curieux. Le terme "Castelnaud" vient tout simplement du latin “Castellum Novum”, ou "nouveau château". Ce nom a été attribué lors de la construction première du château.

Quant à "La Chapelle", il s’agirait d’une référence à une chapelle aujourd’hui disparue, mais qui aurait occupé une place importante dans la vie religieuse locale. Le village associe ainsi son rôle militaire et son ancrage spirituel dans un seul et même nom.

Les traces du passé : un patrimoine préservé

Aujourd’hui, Castelnaud-La-Chapelle témoigne fièrement de son passé historique :

  • Le château magnifiquement restauré, véritable mémorial de l’art militaire médiéval.
  • L’église Notre-Dame de l’Assomption, sobre et élégante, qui domine le village.
  • Les ruelles typiques bordées de maisons médiévales et Renaissance.
  • Des fragments de murailles et des points de guet discrets mais impressionnants pour les amateurs d’Histoire.

L’ensemble du patrimoine architectural de Castelnaud est inscrit dans le cadre exceptionnel de la Vallée de la Dordogne, elle-même classée au patrimoine mondial de l’UNESCO.

Une histoire religieuse riche et insoupçonnée

L’Église a joué un rôle significatif dans l’histoire de Castelnaud. Dès le Moyen Âge, l’église paroissiale devient un centre spirituel pour les habitants. À noter que plusieurs indices laissent supposer l’existence d’anciennes confréries religieuses actives ici, notamment durant les guerres de Religion du XVIe siècle.

Enfin, la proximité de Rocamadour, site de pèlerinage emblématique, établit un lien religieux supplémentaire entre Castelnaud et des villages voisins. Pilgrims faisaient parfois halte ici, enrichissant la vie économique et culturelle du village.

Les villages voisins : un destin lié à la vallée de la Dordogne

Castelnaud-La-Chapelle ne se comprend pas sans ses voisins. Beynac, La Roque-Gageac, et Domme forment un ensemble exceptionnel où chaque bourg a joué un rôle dans l’histoire de la région. Par exemple, Castelnaud et Beynac sont souvent présentés comme des ennemis historiques, leurs châteaux se faisant face sur les rives opposées de la Dordogne.

Au fil des siècles, ces villages ont appris à vivre en harmonie, misant sur leurs complémentarités dans les domaines agricoles, économiques et, plus tard, touristiques.

Un regard vers l’avenir

Avec une histoire aussi riche et un patrimoine exceptionnellement préservé, Castelnaud-La-Chapelle s’ancre aujourd’hui au cœur des préoccupations de conservation et de mise en valeur culturelle. Le château attire chaque année des milliers de visiteurs, et le village s’engage dans des projets de valorisation durable.

Mais Castelnaud n’est pas qu’un musée à ciel ouvert. C’est un lieu vivant, où tradition et innovation se rencontrent, perpétuant l’esprit unique de ce territoire. Que vous soyez passionnés d’histoire, amateurs de paysages ou simplement curieux, Castelnaud-La-Chapelle a toujours de quoi vous surprendre.

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