15 avril 2025
Quand on pense à Castelnaud, son château s'impose comme une évidence, mais le village médiéval a aussi joué un rôle essentiel. Situé sur un éperon rocheux, Castelnaud-La-Chapelle contrôlait des axes stratégiques entre Sarlat, Cahors et les routes fluviales de la Dordogne. Au Moyen Âge, la position du village lui conférait un rôle militaire et économique central.
Le premier château attesté sur ce site date du XII siècle. Le seigneur de Castelnaud, ou celui qui dirigeait sa forteresse, régnait sur un territoire disputé entre les puissances anglaises et françaises. Après la signature du traité de Paris en 1259, Castelnaud fut sous contrôle anglais une partie du temps mais changeait souvent d’allégeance au gré des conquêtes locales.
Contrairement à l'image romantique que l'on se fait parfois des châteaux endormis, en pleine guerre de Cent Ans, Castelnaud était un lieu d’agitation : des armées passaient, les alliances politiques fluctuantes rythmaient la vie locale, et les villageois vivaient dans une précarité constante.
La population médiévale du village était bien différente d’aujourd’hui. On estime qu’au XIV siècle, environ 200 à 300 personnes vivaient ici, une communauté relativement petite mais typique pour un bourg rural de cette époque. Parmi eux : des paysans, des serfs, des artisans et probablement quelques commerçants bénéficiant de la proximité avec la Dordogne.
Les hommes travaillaient souvent à l’entretien des murs, à cultiver les champs du bas de la vallée ou à construire des outils pour les besoins belliqueux du château. À mesure que la guerre approchait, ces outils incluaient des armes comme des arbalètes ou des trébuchets, car Castelnaud était connu pour abriter ces redoutables machines. Aujourd’hui encore, on peut en voir les modèles reproduits dans la cour du château.
Quant aux femmes, si elles étaient en grande partie responsables du maintien des foyers, elles avaient aussi un rôle économique : elles filaient du linge, participaient à des petites productions locales (comme la poterie) ou travaillaient sur les parcelles agricoles familiales.
En dépit des conflits, Castelnaud avait son marché hebdomadaire, un lieu fondamental pour échanger des produits agricoles comme le blé, les noix ou le vin local. Ce n'était pas seulement un lieu de transactions mais aussi un espace de socialisation. C’est ici que circulaient les nouvelles : on y apprenait qui avait gagné quelle bataille ou quelles nouvelles impôts seraient exigées par les seigneurs voisins.
En arpentant aujourd’hui les rues étroites de Castelnaud, on marche sur les traces d’un village médiéval qui portait déjà en lui les bases de ce que nous voyons encore. Bien sûr, quelques transformations s’ajoutent au fil des siècles, mais plusieurs éléments caractéristiques d'alors subsistent.
Les habitations médiévales de Castelnaud étaient construites principalement en pierre locale, extraites des carrières environnantes, avec parfois un étage supérieur en colombage. Les toits, eux, étaient souvent faits de lauzes, ces grandes pierres plates qui protègent encore bien des maisons du Périgord Noir contre la pluie.
À la différence de nos maisons modernes, ces habitations ne bénéficiaient pas de grandes fenêtres : pour éviter la chaleur estivale et mieux se protéger lors des tensions, les ouvertures se résumaient à de petites meurtrières.
Le château de Castelnaud, qui domine aujourd’hui le paysage environnant, avait un rôle bien au-delà du simple aspect défensif. C’était aussi un symbole de pouvoir : il montrait au paysan comme au voyageur la force de celui qui régnait sur ces terres. Ses doubles enceintes et son évolution architecturale au fil des siècles reflètent les techniques et les stratégies militaires de l’époque.
Quant au reste du village, il possédait des remparts pour protéger les habitations, bien que moins imposants que ceux du château. Ces murs permettaient aux villageois de se réfugier en cas de raids, fréquents dans une région frontalière.
À l’époque médiévale, Castelnaud avait déjà sa propre église, bien que celle que nous connaissons aujourd’hui ait été en partie remaniée. Cet édifice religieux était le cœur spirituel et social du village. Les cloches rythmaient les journées, indiquant le début et la fin des tâches, et appelaient à la prière ou aux offices.
Les habitants vivaient au rythme du calendrier liturgique : fêtes religieuses, processions, moments de jeûne… Tout cela encadrait une vie communautaire forte, mais parfois marquée par la peur des épidémies, notamment la peste noire qui sévit en Dordogne au milieu du XIV siècle. D’ailleurs, des traces écrites rappellent que Castelnaud n’a pas été épargné par ces tragédies.
Pour les passionnés d’histoire locale, Castelnaud-La-Chapelle est un trésor. Le château demeure bien sûr la pièce maîtresse de l’ensemble, avec ses collections détaillant la guerre au Moyen Âge. Mais les rues du village, les murs anciens encore debout et l’omniprésence de la Dordogne nous laissent entrevoir un instantané de ce que furent ces lieux pour les habitants d’alors.
Si vous souhaitez vous immerger davantage dans le quotidien médiéval, ne manquez pas les reconstitutions historiques qui se déroulent régulièrement autour du château. Elles permettent de revivre, quelques instants, les sensations de cette époque où Castelnaud était un acteur majeur des dynamiques locales.
Et vous, quels détails de ce passé fascinant allez-vous découvrir lors de votre prochaine visite ? Peut-être un graffiti laissé par un artisan du XIII siècle ou simplement le vent chargé d’échos lointains dans les rues pavées… Castelnaud-La-Chapelle a de quoi inspirer les âmes curieuses.